Dans les années 1950, les supermarchés n'existaient pas, les marchands ambulants venaient régulièrement au village. La jardinière de Bouilhonnac s'installait à l'autogare, le quincaillier Lalaque
sous les platanes devant l'ancien café. Le boucher Capelle présentait sa viande dans la remise d'Eugénie Mourlan, le charcutier Cassignol et le poissonnier Imbert venaient avec leur camion ambulant. Les boulangers Blanquier et Lachet de Trèbes se faisait une grande concurrence et faisaient la tournée avertissant à grands coups de Klaxon leur présence. Tous les matins à la première heure la laitière distribuait le lait de porte en porte.
Au village, un seul commerce l'épicerie de Juliette.
Aline Vaujany alors gamine et voisine de l'épicerie raconte: "Située face à l'autogare la minuscule boutique était un véritable capharnaüm. Tout y était bien rangé mais dans un ordre pas toujours cohérent pour les yeux actuels. Devant le comptoir les casiers à bois, remplis de légumes secs: riz, "fabols", lentilles, pois cassés. Sur les rayonnages, quelques conserves côtoyaient les pierres de savon, les saucissons, les pelotes de laine, les espadrilles, les pots de chambre etc. On achetait l'huile tirée au détail d'une grosse barrique métallique".
On ne connaissait pas le plastique et toutes les bouteilles étaient consignées: la limonade, la bière, l'eau de Boulou. Conséquence: Le garde champêtre Joseph Clanet collectait les ordures, poussant sa benne, deux fois par semaine, ce qui correspondait à 5 à 6 brouettes pour l'ensemble du village.
Aline Vaujany poursuit: "Dans l'épicerie de Juliette on s'approvisionnait en produit frais: le fromage et le beurre à la coupe ainsi que la cansalade et le paté. Le tout était conservé dans une glacière. (on livrait à l'épicière les pains de glace deux fois par semaine). Sur le comptoir trônait l'objet de toute les convoitises pour les enfants: les friandises: bouchées fourrées au papier brillant, poudre de coco, et boules de chewing-gum".
Le samedi après-midi Juliette prenait l'autocar Laure-Carcassonne et ramenait de la ville des commandes particulières: blouses, pulls, chaussures, combinaisons, fil à coudre, revues etc.
Les soirs d'été "après souper" Juliette sortait des chaises devant la porte et les voisines venaient bavarder. Sur cette agréable placette, sous la fraîcheur des platanes, les hommes s'installaient sur le banc en pierre, discutant avec animation de la vigne, du rugby ou de politique. De temps à autre on interpellait Juliette qui s'empressait d'aller chercher une bière dans sa glacière.
Le premier supermarché a ouvert à Carcassonne dans les années 1968.-70. Juliette a fermé son épicerie peu de temps après.
1954: Au premier plan de G à D: Marie-France Mourlan et Aline Forgia. A l'arrière: Simone Mourlan, Marie-Louise Forgia, Juliette l'épicière et Annie Roudière |
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