11
novembre 1918.
L'armistice est signée le cauchemar est terminé. Fin d'une guerre
qui, en 4 ans a fait 8
millions de morts
(soit environ 6 000 morts par jour) et 8
millions d'invalides.
C'est la France qui a payé le plus lourd tribut avec 1,4
millions de tués et de disparus.
Comme
tous les villages de France, Rustiques n'a pas été épargné. 250
habitants : 14 morts.
Sur
les registres de l'état civil du village seuls les décès de 5
poilus ont été retranscrits. Le
capitaine
d'Hélie
(41 ans)
était le plus âgé quand il a été tué au début de la guerre le
28/02/1915. Batiste
Averseng
(21 ans)
était un des plus jeunes quand il a perdu la vie le 26 juillet 1917.
Tué
à quelques jours de l'armistice
Une
famille a été particulièrement éprouvée. Les
Guiraud
ont perdu leurs deux fils Pierre
28 ans
le 14 juillet 1915 et Philippe qui venait de fêter ses 27
ans
quand il a été tué le 14 octobre 1918 soit 28 jours avant
l'armistice.
François
Castel est mort le 28/10/1921 des suites de ses blessures.
Rares
sont ceux qui n'ont pas été blessés, certains plusieurs fois
(Joseph
Mourlan
: 3 fois) Les soldats étaient soignés dans des hôpitaux à
l'arrière du front et repartaient au combat quand ils étaient
rétablis. Parmi eux Barthélémy
Sire (28 ans)
a été grièvement blessé aux jambes en 1916. Il sera déclaré
invalide de guerre et en tant que tel l’État lui attribuera le
tabac-régie du village en 1927.
Presque
tous sont revenus traumatisés à vie.
Difficile
aujourd'hui de faire l'inventaire des jeunes de notre village revenus
blessés. Mais ce qui est certain c'est qu'ils sont presque tous
revenus traumatisés par ces quatre années vécues dans les
tranchées entourés par la boue, la vermine, les rats et l'odeur des
cadavres en décomposition. S'il est décédé assez âgé, Antoine
Vidal parlait avec une voix rauque, il avait été gazé dans les
tranchées.
Ce
sont les gendarmes venus en moto, qui comme ils l'avaient fait pour
la mobilisation, ont annoncé au maire que la guerre était finie.
Alors à l'église les cloches ont sonné à toute volée pendant des
heures et dans les rues du village on criait à tue tête que la
guerre était finie. Cependant il n'y a pas eu de scène de liesse.
Trop de familles pleuraient leurs morts
Dans
une vidéo enregistrée en 1980, Augustin Delpoux raconte que sa
grand-mère qui venait de perdre son mari sur le front, s'est
enfermée toute la journée dans le noir et les voisins ont dit
qu'elle n'avait pas arrêté de pleurer et de crier.
Pendant ces quatre années de
guerre, pendant lesquelles les nations engagées dans ces combats ont
réalisé des progrès techniques importants de puissance de
destruction, rien n'a été fait en faveur des moyens de protéger
les hommes.
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Blessé
par un obus en 1916, Barthélémy Sire (à gauche) est hospitalisé
ici à l'arrière du front. Pour ses compagnons amputés la guerre
est finie. Lui rejoindra le front après sa convalescence. En tant
que blessé de guerre il obtiendra le bureau de tabac-régie du
village. Il boitera et souffrira de sa jambe toute sa vie.
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