jeudi 7 novembre 2024

Il y a 106 ans les cloches sonnaient à toute volée ...

 

11 novembre 1918. L'armistice est signée le cauchemar est terminé. Fin d'une guerre qui, en 4 ans a fait 8 millions de morts (soit environ 6 000 morts par jour) et 8 millions d'invalides. C'est la France qui a payé le plus lourd tribut avec 1,4 millions de tués et de disparus.

Comme tous les villages de France, Rustiques n'a pas été épargné. 250 habitants : 14 morts.

Sur les registres de l'état civil du village seuls les décès de 5 poilus ont été retranscrits. Le capitaine d'Hélie (41 ans) était le plus âgé quand il a été tué au début de la guerre le 28/02/1915. Batiste Averseng (21 ans) était un des plus jeunes quand il a perdu la vie le 26 juillet 1917.

Tué à quelques jours de l'armistice


Une famille a été particulièrement éprouvée. Les Guiraud ont perdu leurs deux fils Pierre 28 ans le 14 juillet 1915 et Philippe qui venait de fêter ses 27 ans quand il a été tué le 14 octobre 1918 soit 28 jours avant l'armistice.

François Castel est mort le 28/10/1921 des suites de ses blessures.

Rares sont ceux qui n'ont pas été blessés, certains plusieurs fois (Joseph Mourlan : 3 fois) Les soldats étaient soignés dans des hôpitaux à l'arrière du front et repartaient au combat quand ils étaient rétablis. Parmi eux Barthélémy Sire (28 ans) a été grièvement blessé aux jambes en 1916. Il sera déclaré invalide de guerre et en tant que tel l’État lui attribuera le tabac-régie du village en 1927.

Presque tous sont revenus traumatisés à vie.

Difficile aujourd'hui de faire l'inventaire des jeunes de notre village revenus blessés. Mais ce qui est certain c'est qu'ils sont presque tous revenus traumatisés par ces quatre années vécues dans les tranchées entourés par la boue, la vermine, les rats et l'odeur des cadavres en décomposition. S'il est décédé assez âgé, Antoine Vidal parlait avec une voix rauque, il avait été gazé dans les tranchées.

Ce sont les gendarmes venus en moto, qui comme ils l'avaient fait pour la mobilisation, ont annoncé au maire que la guerre était finie. Alors à l'église les cloches ont sonné à toute volée pendant des heures et dans les rues du village on criait à tue tête que la guerre était finie. Cependant il n'y a pas eu de scène de liesse. Trop de familles pleuraient leurs morts

Dans une vidéo enregistrée en 1980, Augustin Delpoux raconte que sa grand-mère qui venait de perdre son mari sur le front, s'est enfermée toute la journée dans le noir et les voisins ont dit qu'elle n'avait pas arrêté de pleurer et de crier.

Pendant ces quatre années de guerre, pendant lesquelles les nations engagées dans ces combats ont réalisé des progrès techniques importants de puissance de destruction, rien n'a été fait en faveur des moyens de protéger les hommes. 

  Blessé par un obus en 1916, Barthélémy Sire (à gauche) est hospitalisé ici à l'arrière du front. Pour ses compagnons amputés la guerre est finie. Lui rejoindra le front après sa convalescence. En tant que blessé de guerre il obtiendra le bureau de tabac-régie du village. Il boitera et souffrira de sa jambe toute sa vie.

 

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